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Thursday, September 21, 2006
Depuis des mois, il apparaît évident que les (futurs) candidats à l'élection présidentielle ne parviennent pas à se maintenir sur les starting blocks. En se lançant avant l'heure, la marge donnée à l'erreur devient moins facile à maîtriser.
Jacques Chirac le rappelait lundi sur les ondes d'Europe 1, "la campagne ne doit pas commencer trop tôt", et "ne devrait idéalement pas durer plus de trois mois". Le Président, il est vrai, ne souhaite pas voir une campagne qui serait entamée prématurément venir obérer le temps du bilan de son séjour à l'Elysée.
Les éléphants du P.S. se précipitent, poussés par les médias, dans la course à la candidature et sous une cacophonie aussi brumeuse que leur programmes respectifs. François Hollande, il faut lui reconnaître ce mérite, parvient tant bien que mal à rassembler le troupeau et à le retenir (Université d'été, Lens samedi dernier) en essayant en vain de donner une image d'unité. Qu'y a-t il finalement en commun entre le jusqu'au-boutisme hypocrite de Laurent Fabius et le pragmatisme apprécié de Ségolène Royal. Rien. Pourtant, les divergences profondes au sein de la gauche sont encore étouffées et ne verront pas le jour si le choix des adhérents du P.S. dans leur élection d'un candidat unique et officiel est respecté par tous. Y compris par les perdants. Y compris aussi par le plus perdant d'entre eux, Lionel Jospin, qui confiait cet après-midi vouloir briguer la candidature socialiste.
A droite, seul Nicolas Sarkozy s'est lancé très tôt, trop tôt, nous annonçant l'an passé déjà qu'il y pensait en se rasant le matin. A voir sa fougue, il faut croire qu'il y pensait déjàa quand il était encore à l'âge du biberon.
Trop tôt car si le seul autre prétendant à la succesion à droite de Jacques Chirac reste Dominique de Villepin, celui-ci a troqué depuis la crise des banlieues et du CPE ses ardeurs poétiques par un discours prosaïque plus en phase avec la "mission", il ne cesse de le répéter, que lui a confié le Président de la République, celle de mener à bien les projets du gouvernement, la lutte contre le chômage y étant prioritaire. Il s'est donc mis non sur la touche ou en retrait, mais en observateur de la marche de l'Etat, refusant toute déclaration sur les uns ou les autres, encore moins sur sa potentielle candidature. Sa popularité remonte cahin-caha, mais elle remonte. Et il attend patiemment, car l'échéance présidentielle est encore lointaine, que Nicolas Sarkozy passe à la faute.
Or Nicolas Sarkozy va commettre des erreurs. Cela a déjà commencé.
En accusant hier "la justice de Seine-Saint-Denis de démission face aux délinquants en Seine-Saint-Denis", il s'est mis à dos élus locaux, préfets, magistrats, des forces de l'ordre et des acteurs de la prévention de la délinquance, qui tous dépendent directement ou indirectement des directives du Ministère de l'Intérieur. Branle-bas de combat immédiat du gouvernement, solidaire de son premier ministre, pour réaffirmer l'unité et le soutien des différents responsables pointés du doigt par Nicolas Sarkozy. Villepin marque là des points, il prouve oeuvrer pour le gouvernement, pendant que Nicolas Sarkozy s'attire tout seul les foudres de l'opinion en allant plus loin que ne devrait l'amener son exacerbation de la peur de l'insécurité.

Pire, le Ministre de l'Intérieur va devoir payer les frais de la collusion nouvellement entendue entre le groupe PS au Parlement et les fidèles de la Chiraquie, à leur tête Jean-Marc Ayrault et Jean-Louis Debré (avec Jean-François Copé oeuvrant dans l'ombre) respectivement. Cette entente sur la tête de Nicolas Sarkozy va permettre à Dominique de Villepin d'éviter le recours si peu apprécié à l'article 49-3 de la Constitution qui permet l'adoption d'un texte de loi texte sans vote, et va obliger le Président de l'UMP à se solidariser dans la défense du projet de fusion EDF-GDF, projet qu'il a pourtant récusé de toutes ses forces il y a un an à peine lorsqu'il était à la tête de Bercy. Nicolas Sarkozy devrait pourtant le savoir: il n'y a pas pire pour un homme politique que le parjure.
Après avoir trahi Jacques Chirac en revêtant l'habit de Juda aux côtés d'Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy a assumé en silence sa position de pestiféré, poussant le rocher de l'ambition vers le sommet ultime de l'Etat, tant rêvé. Il risque, par ses propres fautes, de vivre in fine le Mythe de Sisyphe de Camus. Personne ne pourra, pourtant, l'imaginer heureux.
Enfin, la classe politique française dans son ensemble, n'ayant su tirer les leçons du choc du 21 Avril 2002, trop absorbée par sa soif égocentrique du pouvoir, risque de se réveiller une nouvelle fois au lendemain du premier tour dans la fatalité d'un nouveau duel face à Jean-Marie Le Pen. Avec en face cette fois-ci non pas un candidat de droite, mais à un éléphant ou une souris de gauche.Ce n'est pas improbable.
Copyright Label ASH, Septembre 2006.
 
posted by Amine at 5:09 PM |


3 Comments:


At 9/22/2006 01:28:00 PM, Anonymous Anonymous

Waw...c'est tout simplement top !!!ma phrase préférée "...poussant le rocher de l'ambition vers le sommet ultime de l'Etat, tant rêvé..." avec l'image à côté...tbakelah!!
Sûr que tu n'es pas journaliste ?
Sûr de chez Sûr ? ;)
Bonne journée et Happy WE

 

At 9/22/2006 02:55:00 PM, Anonymous Anonymous

Très bon article :)

 

At 9/23/2006 01:35:00 AM, Anonymous Anonymous

Je continue de croire que Sarko tombera par orgueil, comme en 1995 et que de toute facon, le moment venu, les francais ne pourront pas voter pour sa vision politique qui propose une cassure nette avec les culture/traditions poiltiques a la francaise.

Chirac ou Villepin ne sont pas en position de devoiler leurs cartes, ca leurs evitera deja un exmen minutieux des medias. Je vois Chirac se presentait rien que pour eviter les deboires judiciaires qui l'attendent, une fois son immunite abolie.

Par contre, je trouve desolant que Jospin se pointe a nouveau, il a decide de se retirer, il a snober tout son electorat pendant des moments cruciaux, il manque profondement de respect a ces meme gens.
La royale Royal, c'est beaucoup de bruit pour pas grand chose.

Fabius est trop chauve pour etre honnete, Holland trop bouffi.

Au PS, je verrais bien DSK porter la rose.

ZZ