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Sunday, November 13, 2005





Barcelone, 13 Novembre 2005.
Il est 4H du matin. Je viens de zapper sur
2M, la deuxième chaîne télévisée marocaine, retransmise par satellite. Je reconnais immédiatement le film Omar El Mokhtar, Le Lion du désert, sorti sur les écrans en 1981 et réalisé par Moustapha El Akkad. Ce film retrace un pan de la résistance du peuple libyen face au colonalisme italien. Omar El Mokhtar aura mené la vie dure de 1929 à 1931 à l'armée italienne de Mussolini, représenté par Rodolfo Grazziani en Libye. El Mokhtar mourra pendu en Septembre 1931.
J'ai une affection toute particulière pour ce film historique car il me replonge loin dans mon enfance, lorsque la RTM passait de façon récurrente ce long-métrage les jours fériés au Maroc, et surtout parce que El Mokhtar, sous les traits de l'acteur Anthony Quinn et de sa belle barbe blanche, ravive nécessairement le souvenir de mon grand-père maternel auquel il ressemblait tant. La même gestuelle, la même grâce, la même majesté. La même malice et la même bonté dans le regard.
Je me souviens aussi de cette fameuse réponse de Omar El Mokhtar à Rodolfo Grazziani qui exigeait du résistant libyien qu'il rende les armes: "Capituler? Nous ne capitulerons jamais. Nous nous battrons ou nous mourrons. Et ma mort n'y changera rien car vous devrez combattre les générations futures. (...) Ma vie sera plus longue que la votre, car elle restera dans l'Histoire".
Ce film me rappelle aussi la résistance de
Abdelkrim du Rif. Plus jeune, les gens autour de moi évoquaient invariablement le parallélisme des parcours des deux résistans marocain et libyen.
Un de mes professeurs au Maroc m'avait d'ailleurs expliqué un jour que le réalisateur Moustapha El Akkad s'était intéressé à la vie de Abdelkrim, qu'il avait essayé d'en faire également un film historique afin de retracer la
Guerre du Rif, mais ce désir ne se concrétisa jamais malheureusement...
Cette énième rediffusion à une heure aussi tardive n'est pas fortuite. Il s'agit d'un hommage au réalisateur syro-américain Moustapha El Akkad, qui a succombé ce vendredi 11 Novembre à ses blessures reçues dans l'attentat suicide contre l'hôtel Hyatt perpétré le mercredi 9 Novembre à Amman en Jordanie. Sa fille Rima âgée de 33 ans fait également partie des victimes. Elle a été tuée sur le coup dans la salle de réception de l’hôtel Hyatt où un kamikaze s’est fait exploser. Ils étaient tous deux en Jordanie pour assister à un mariage à Aqaba dans le sud du pays.
Mustapha El Akkad est né à Alep dans les années 1930 dans une famille de 8 enfants. Il partit au début des années 1950 en Californie pour étudier l'art cinématographique à UCLA.
Al Akkad est plus connu à l'échelle internationale pour avoir produit la série des huit films à grand succès
Halloween (le site officiel lui rend hommage et a ouvert une section dédiée aux condoléances), mais l'oeuvre la plus importante de sa carrière restera El Rissala (Le Message), réalisé au Maroc et achevé en 1977, avec en tête d'affiche Anthony Quinn, Irène Papas, Mohamed Hassan El Joundi et le dramaturge marocain Tayeb Saddiki.
El Rissala, fresque historique sur l'avènement de l'Islam, a la particularité d'avoir été réalisée en deux versions et avec deux distributions différentes (Anthony Quinn et Irène Papas pour les rôles principaux de la version anglaise, et une pléthore des meilleurs artistes arabes pour la version arabe dont Abdallah Ghayt et Mouna Ouassif ).
Mustapha El Akkad commentera plus tard sa réalisation:
"I did the film because it is a personal thing for me... There was something personal, being Muslim myself who lived in the West, I felt that it was my obligation [and] my duty to tell the truth about Islam".
Il n'aura eu de cesse dans sa carrière de présenter le monde arabo-musulman dans ses plus beaux atours.

Il lui restait une oeuvre en projet à réaliser et à laquelle il tenait profondément : une nouvelle fresque historique sur les croisades de Saladin, le légendaire héro kurde né en Mésopotamie qui partit au 12ème siècle à la reconquète de Jérusalem occupée par les Croisés. Sean Connery aurait même accepté d'interpréter Saladin, et le financement du fim était quasiment bouclé.
Des bouchers islamistes en auront décidé autrement.
 
posted by Amine at 1:00 PM |


7 Comments:


At 11/14/2005 01:28:00 PM, Anonymous Anonymous

merci pour ton commentaire sur mon blog... en tout cas le tiens est tres riche, bravo. tu me verras souvent roder par ici ;-)

 

At 11/15/2005 07:50:00 PM, Anonymous Anonymous

Pour mon dernier anniversaire, on m’a offert le DVD Rissalla en deux versions. Depuis des amis n’arrêtent pas de me l’emprunter même les no-croyants d’entres eux. Car c’est ça le génie de Mustapha El Akkad : son film raconte l’évènement de l’islam , comme un roman , et arrive intelligemment à ressortir de belles choses de la violence des évènements de cette période.
Je ne sais pas s’il aimait notre époque et comprenait quelque chose en cette boucherie religieuse qui n’épargne désormais plus personne.

"I did the film because it is a personal thing for me... There was something personal, being Muslim myself who lived in the West, I felt that it was my obligation [and] my duty to tell the truth about Islam".

Quand je lis de cette citation, je m’autorise à penser qu’il s’est lourdement trompé de "vérité". Celle que nous vivons n’a rien à voir avec les belles choses que nous avons vues sur son film…. Elle est malheureusement effarante et sanguinaire .

 

At 11/16/2005 06:16:00 AM, Blogger Najlae

Wadii Essafi est une merveille de voix. La musique est hybride et je m'en declecte. Merci Amine.

 

At 11/17/2005 05:35:00 PM, Blogger Amine

Iskander> je peux en dire autant du tien! Y puedes rodar por aquí, eres el bienvenido...

Larbi>je pense qu'il ne s'est pas trompé de vérité, il a présenté la vérité hsitorique, mais effectivement, cela n'a rien à voir avec le vécu actuel de cette vérité... les adeptes de cette vérité ont tellement dévié en terme d'interprétation... finalement, c'est à se demander si ces "vérités" ne font pas plus de mal que de bien de nos jours... personnellement, j'ai ma réponse, et visiblement, je crois qu'on la partage... :-)

Najlae> Wadiî a pour moi la plus belle voix de la musique arabe, même si Mohamed Abdelwahab a un timbre plus mélodieux. Le morceau en question est chanté avec Jose Fernandeez. Ca s'est passé à Beyrouth en 1999 lors du 77ème anniversaire de Wadiî Essafi, Un superbe concert.
Le morceau s'intitule "La Oyouni Gharibeh".

 

At 11/27/2005 08:57:00 PM, Anonymous Anonymous

paix à son âme!
il a reussit à passer son message et j'espere qu'il y'aura d'autres qui reprenderon le flambeau!

 

At 12/01/2005 05:25:00 AM, Anonymous Anonymous

Merci Amine pour ce post très enrichissant.. Tu as bcp de style et merci pour ce que tu as rajouté à ma très modeste culture générale.
Que Dieu l'entoure de sa miséricorde.. Pour les bouchers, ne t'inquiète pas, rira bien qui rira le dernier.
Une révoltée impuissante :-(

 

At 3/23/2006 07:51:00 PM, Anonymous Anonymous

Bel hommage, Amine.

Akkad vivra toujours...