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Wednesday, June 13, 2007
Ca faisait longtemps, les questionnaires.
ZAZ et Réd@ m'ont gentiment convié à répondre à mon tour au "questionnaire de Procuste".
Cela m'a d'abord fait sourire. Pourquoi? Car Procuste, dit aussi Damastès, est un personnage de la mythologie grecque (qui martelle pour allonger) et que c'est surtout un syndrome dont souffrent beaucoup de personnes. Sommairement, il s'agit d'une l'atrophie de l'imagination, de la créativité, d'une incapacité à penser de manière analogique. Par extension, en se voilant la face sous un supposé rationalisme, les personnes atteintes de ce syndrome ont le défaut d'essayer de présenter les choses "à leur sauce" et déforment à leur manière la science, la raison avec une mauvaise foi patente... en pensant avoir la science infuse.
Qu'est ce donc que ce questionnaire de Procuste? Jamais entendu parlé. Je confesse que j'ai même pensé à une faute de frappe en pensant à Proust... mais bon, quelque soit l'auteur du questionnaire, ce dernier est original. C'est parti.

Les 4 livres de mon enfance. Je ne sais trop ou arrêter mon enfance... mais furtivement ma mémoire appelle les titres suivants
-
Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, par Selma Lagerlöf
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Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupery
-
Le Rouge et le Noir, de Stendhal
- Le dernier jour d'un condamné, Victor Hugo

Les 4 auteurs que le lirai et relirai (c'est dur de limiter cela à 4... je vais en négliger beaucoup trop)
- Driss Chraïbi - si je ne devais en mentionner qu'un, ce serait lui, loin devant tout le monde...incontestablement...
c'est par lui que tout a commencé pour moi
- Kafka
- Sartre
- Hannah Arendt
Je sais c'est étonnant comme choix... mais c'est parce que je les edécouvre à chaque lecture.

Les 4 auteurs que je ne lirai probablement plus jamais
- Michel Houellebecq
- Alain Finkielkraut (j'ai du mal avec le vomi);
- Oriana Fallacci;
- BHL, et c'est bien dommage car il a une belle plume, certains de ses engagements sous louables, pas tous, mais c'est plus fort que moi, ses derniers ouvrages m'insupportent

Les 4 premiers livres de ma liste à lire ou à relire (liste réduite "d'indispensables")
-
Succession ouverte, de Driss Chraïbi
-
L'étranger, d'Albert Camus
-
La douleur du dollar, de Zoé Valdes
-
Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez

Les 4 livres que je suis en train de lire
-
Les bienveillantes, de Jonathan Littell
-
Les années perdues : Intifada et guerres au Proche-Orient 2001-2006, de Charles Enderlin
-
Mendiants et orgueilleux, d'Albert Cossery
-
J'avoue que j'ai vécu, de Pablo Neruda

Les 4 livres que j’emporterais sur une île déserte
- Le passé simple, de Driss Chraïbi
-
Le livre de ma mère, d'Albert Cohen
-
La musique du hasard, de Paul Auster
-
Cent ans de solitude, de Gabriel García Marquez

Les premiers mots d’un de mes livres préférés
D'autres que moi auraient parlé de "racines"... Ce n'est pas mon vocabulaire. Je n'aime pas le mot "racines", et l'image encore moins. Les racines s'enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s'épanouissent dans les ténèbres; elles retiennent l'arbre captif dès la naissance, et le nourissent au prix d'un chantage: "Tu te libères, tu meurs!"
Les arbres doivent se résigner, ils ont besoin de leurs racines; les hommes pas. Nous respirons la lumière, nous convoitons le ciel, et quand nous nous enfonçons dans la terre, c'est pour pourrir. La sève du sol ne remonte pas par nos pieds vers la tête, nos pieds ne servent qu'à marcher. Pour nous seules importent les routes. Ce sont elles qui nous convoitent - de la pauvreté à la richesse ou à une autre pauvreté, de la servitude à la liberté ou à la mort violente. Elles nous promettent, nous portent, nous poussent, puis nous abandonnent. Alors nous crevons, comme nous étions nés, au bord d'une route que nous n'avions pas choisie.
A l'opposé des arbres, les routes n'émergent pas du sol au hasard des semences. Comme nous, elles ont une origine. Origine illusoire, puisqu'une route n'a jamais de véritable commencement; avant le premier tournant, là derrière, il y avait déjà un tournant, et encore un autre. Origine insaisissable, puisqu'à chaque croisement se sont rejointes d'autres routes, qui venaient d'autres origines. S'il fallait prendre en compte tous ces confluents, on embrasserait cent fois la terre.
S'agissant des miens, il le faut! je suis d'une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. Nos pays sont des oasis que nous quittons quand la source s'assèche, nos maisons sont des tentes en costume de pierre, nos nationalités sont affaires de dates, ou de bateaux. Seul nous relie les uns aux autres, par-delà les générations, par-delà les mers, par-delà le Babel des langues, le bruissement d'u nom.
Pour patrie, un patronyme? Oui, c'est ainsi! Et pour foi, une antique fidélité!
Je n'ai jamais éprouvé de véritable appartenance religieuse - ou alors plusieurs, inconciliables; et je n'ai jamais ressenti non plus une adhésion totale à une nation - il est vrai que, là encore, je n'en ai pas qu'une seule. En revanche, je m'identifie aisément à l'aventure de ma vaste famille, sous tous les cieux. A l'aventure, et aussi aux légendes. Comme pour les Grecs anciens, mon identité est adossée à une mythologie, que je sais fausse et que néanmoins je vénère comme si elle était porteuse de vérité.
Etrange d'ailleurs, qu'avant ce jour, je n'aie guère consacré plus que quelques paragraphes à la trajectoire des miens! Mais il est vrai que ce mutisme fait aussi partie de mon héritage...

Origines
, de Amin Maalouf.

Les derniers mots d’un de mes livres préférés
Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai pensé à Maman. Il m’a semblé que je comprenais pourquoi à la fin de sa vie elle avait pris un “fiancé”, pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s’éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s’y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n’avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
L'étranger, d'Albert Camus

Et puisqu'il est coutume de renvoyer la balle, clairement Onassis afin d'en savoir un peu plus sur ce qui a nourri sa plume, Maryam in Marrakesh, Nacer, et Lebaroude.

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posted by Amine at 1:49 AM |


7 Comments:


At 6/14/2007 12:21:00 AM, Anonymous Anonymous

Merci d'avoir joué le jeu :)
Excellents choix, mais pourquoi ne suis-je pas étonnée??

 

At 6/14/2007 01:00:00 AM, Anonymous Anonymous

Merci pour l'invitation. Je réponds bientôt. (merci pour le subtil compliment aussi...)

 

At 6/14/2007 04:37:00 PM, Anonymous Anonymous

Marrant que tu aies indiqué Le voyage de Nils Holgersson, c'est un livre typiquement suédois pour moi, même si je ne l'ai jamais lu en dehors des extraits en classe...

Tu me diras ce que tu penses d'Enderlin quand tu l'auras lu!

 

At 6/14/2007 11:52:00 PM, Blogger Amine

Zaz> Merci à toi pour l'invitation :-)
Pas étonnée...tu t'attendais à l'être? :-P

Onassis> Hombre... ya sabes lo que pienso de tu prosa... Me encantan tus posts, aunque no les comento a menudo.
Un abrazo maestro!

Ibn Kafka> Nils Holgersson :-) lol je ne sais vraiment pour quelle raison ce livre m'a marqué en fait... pas en tant qu'oeuvre (rien d'exceptionnel), probablement en raison du contexte qui l'a accompagné... ce devait être ma première fiche de lecture "obligatoire" en classe de 6ème je crois, et mon excellente prof de français de cette année-là, la charmante Madame Amiens, m'avait marqué.
Enderlin: j'avais beaucoup apprécié le premier volet [Le Rêve brisé : Histoire de l'échec du processus de paix au Proche-Orient (1995-2002) => http://www.amazon.fr/R%C3%AAve-bris%C3%A9-processus-Proche-Orient-1995-2002/dp/2213610266/ref=pd_bxgy_b_text_b/402-0387931-7376938] et l'avait finalement trouvé assez objectif...
Ce second volume me semble un peu plus décousu. L'émission TV éponyme est très bonne.
S'agissant d'Enderlin lui-même, j'apprécie beaucoup... c'est un des rares journalistes "objectifs" n'abusant pas de qualificatifs ou d'ajectifs inappropriés ou biaisés en faveur de l'une ou l'autre des deux parties concernées.
Et connaissant le "background" de l'homme et les tentatives de pressions de tous bords dont il fait l'objet (politiques français, palestiniens et israëliens), j'admire sa constance.

 

At 6/15/2007 06:28:00 PM, Blogger Reda

Je remarque que bcp de bloggeur ont une aversion pour Houellebecq.
Je n'ai lu que 'La possibilité d'une île' et bien que les idées qu'il y véhicule pourraient égratigner la sensibilité de certains lecteurs, j'ai bien aimé sa lecture. Quoique la fin m'a laisseé sur ma faim (mauvais jeu de mots).

 

At 6/17/2007 11:33:00 AM, Anonymous Anonymous

Mendiants et orgueilleux :)
Un vrai plaisir aussi celui là !

 

At 6/17/2007 02:56:00 PM, Anonymous Anonymous

"Mendiants et orgueilleux" est un pur chef-d'oeuvre pour moi !