.comment-link {margin-left:.6em;}
Saturday, May 24, 2008
L'ancien ministre socialiste des affaires étrangères, Hubert Védrine, le 10 mai 2007 à Paris.  AFP/ERIC PIERMONTJ'ai une profonde admiration pour Hubert Védrine. C'est, selon moi, le ministre des affaires étrangères dont la Vème république peut le plus s'enorgueillir. Pour la qualité de ses idées, de ses discours, de sa maîtrise de la langue française, de son objectivité, et plus que tout, de son indépendance d'idées.
"Parler, ce n'est pas approuver" (...) "Il ne devrait y avoir aucun interdit dogmatique a priori : ni en ce qui concerne l'Iran, ni en ce qui concerne le Hezbollah, ni en ce qui concerne le Hamas".
J'ai pris un réel plaisir à lire
ce chat sur Le Monde. Un régal.
"Ce que l'on appelle "communauté internationale", ce sont en général les Occidentaux et les Israéliens. Autant dire les choses par leur nom, d'autant qu'il y a dans le monde environ cinq milliards de gens qui ne sont pas occidentaux et qui contestent de plus en plus, on le voit avec les pays émergents, le droit aux Occidentaux de parler au nom du monde entier."
(...)
"Il faut noter qu'on sondage récent a montré que 63 % des Israéliens acceptaient l'idée d'un dialogue direct ou indirect avec le Hamas, et que beaucoup d'anciens responsables militaires ou des services secrets, le dernier en date étant Ephraïm Halévy, ont déclaré qu'aucun problème ne pouvait être maintenant résolu sans un dialogue, d'une façon ou d'une autre, avec le Hamas."
(...)
"C'est tout à fait incohérent de la part des Occidentaux d'exiger des Palestiniens des élections libres et incontestables, ce qu'ils ont fait, et de décréter ensuite un blocus, un peu comme au Moyen Age, sous prétexte que les Palestiniens n'ont pas voté comme il faut. "
(...)

"Je le répète, tout cet imbroglio est le résultat direct de la politique occidentale récente, et plus exactement de l'alliance politique nouée depuis le début des années 1990 entre les néoconservateurs américains, les évangéliques du sud des Etats-Unis et le Likoud israélien, ainsi que l'avait très bien expliqué Richard Perle, néoconservateur très influent au début de l'administration Bush, qui était l'inspirateur de cette ligne. Selon lui, il fallait convaincre le monde que la question palestinienne était marginale, qu'il ne devait pas y avoir de conversations avec les Palestiniens quels qu'ils soient, et que l'urgence était plutôt de changer les pays arabes de gré ou de force."
(...)
"Il faut rappeler que la diplomatie a été inventée à l'aube de l'histoire pour traiter les problèmes autrement que par la guerre. La diplomatie ne consiste pas à se réunir avec des amis dont on partage les valeurs et à se congratuler, la diplomatie peut consister à parler avec des dirigeants ou des régimes qu'on estime horribles et dont on rejette catégoriquement toutes les valeurs, et il en a toujours été ainsi."
(...)
"Après la révolution bolchévique de 1917, les Occidentaux prétendaient refuser tout contact avec l'Union soviétique et l'a boycottée de toutes les façons. Naturellement, cela n'a pas tenu. Après la révolution communiste en Chine, les Occidentaux ont boycotté la Chine communiste jusqu'en 1964 pour la France, jusqu'en 1972 pour les Etats-Unis, ensuite ils ont parlé avec elle. A l'époque de la décolonisation, les Américains ont fini par parler avec les Nord-Vietnamiens. Les Français ont fini par parler avec le FLN. Les Anglais avaient fini par parler avec les nationalistes indiens. Itzhak Rabbin avait parlé avec Arafat à une époque où les positions de l'OLP n'étaient pas tellement différentes des positions du Hamas aujourd'hui. Il avait même fait d'Arafat un partenaire et contribué fortement à l'évolution de l'OLP. Bref, les exemples abondent."
(...)
"Malheureusement, je crains qu'il ne faille attendre que les Israéliens eux-mêmes aient changé de position (leurs services secrets parlent déjà sur le terrain avec le Hamas), ou que la prochaine administration américaine ait elle-même changé. A ce moment-là, les Européens, qui sont moutonniers et qui ont bien du mal à avoir leur propre pensée sur tous ces sujets, suivront."
(...)
"S'il n'y a pas finalement deux Etats, cela veut dire qu'Israël continuera à occuper les territoires occupés, avec tout ce que cela entraîne, qu'Israël ne sera jamais véritablement accepté dans la région et que cette plaie envenimera sans fin les rapports Europe-monde arabe, Occident-islam, etc."
(...)
"Quant aux garanties de sécurité qu'on demande cyniquement au préalable aux palestiniens, alors que tout a été fait depuis des années pour qu'ils soient complètement incapables d'avoir la moindre autorité et qu'ils ne puissent plus garantir la sécurité de qui que ce soit, même pas la leur, on ne les obtiendra que dans un processus conduisant à un Etat palestinien qui, au bout d'un certain temps, deux ou trois ans, sera en effet capable d'exercer son autorité."

Labels:

 
posted by Amine at 12:57 AM |


0 Comments: