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Thursday, January 10, 2008
* Le titre de ce poste est une paraphrase d’un couplet d’Amazigh Yassine, « L’intifada appelle le monde mais ça sonne occupé », tiré de « Charla Town », sixième titre de l’avant dernier album de Gnawa Diffusion.

En visite d'Etat en Israël ce mercredi 9 janvier, Georges Bush est à nouveau revenu sur l'Iran: ""Iran was a threat. Iran is a threat to world peace. Iran will be a threat". Double-neurones a parlé. Hugh!
En dépit des contre-rapports des services secrets américains divulgués il a maintenant un mois et mettant en exergue l'abandon de l'enrichissement d'Uranium à des fin non civiles par l'Iran, il est donc question de garder le joker de la peur prêt à être brandi. On ne change pas des méthodes qui marchent.
On assiste depuis un mois à une sorte de trêve des confiseurs: l'Oncle Sam et ses fauconneries va-t-en-guerre d'un côté, les Pasdarans de l'autre, semblaient se regarder depuis un mois en chiens de faïence. Pas de surenchères, pas de déclarations à l'emporte-pièce, non, calme plat.
Primaires américaines obligent me direz-vous? Certes.
Mais la trêve des confiseurs est finie, et la page des provocations s'est rouverte (détroit d'Ormuz hier)!

Je reste convaicu qu'une agression militaire de l'Iran par les Etats-Unis & Co aura lieu. Les raisons importent peu: qu'il s'agisse du péril atomique, de la sécurité de la région et d'Israël en particulier, de l'Iran vivier et transit de terroristes destabilisant l'Iraq, ses acquaintances avec Al Qaeda etc, toutes les raisons seront bonnes pour les têtes bien et mal faites de l'Administration Américaine, car c'est de l'intérêt géopolitique d'attaquer l'Iran qu'il s'agit.
Et il n'y a pas que la guerre salle qui est en marche. Le containment de l'ombre a commencé depuis un moment déjà. L'argent étant, c'est bien connu, le nerf de la guerre, les États-Unis et leurs partenaires sont intervenus auprès des grands établissements bancaires internationaux pour leur demander, en substance, de se porter « garants » de leurs clients iraniens. Comme c'est impossible, l'Iran est tout bonnement en train d'être écarté des circuits financiers internationaux. C'est ainsi que Téhéran a été exclu en septembre du système de transactions interbancaires Swift. Ça ne se voit pas, mais ça fait mal à une économie. Très mal.

Vient la question du reste du monde. L'Irak fut un fiasco, un mensonge éhonté, et pourtant les Alliés ont suivi. Quid de l'Iran?
Je m'interroge alors sur la position bien particulière de la France dans cette affaire.
Petite réflexion personnelle sur le sujet.
Jacques Chirac était certes critiquable à bien des égards, il reste sans conteste le meilleur ambassadeur que la France a eu au cours des 50 dernières années, au sens qu’il su faire briller la position internationale de Paris mieux que quiconque depuis l’affirmation de cette dernière par le Général De Gaulle en 1958, une position Bismarckienne que Hubert Védrine qualifiait judicieusement de « consensus gaulliste-socialiste ».
Nicolas Sarkozy, adepte des ruptures s’il en est, a tout simplement mis fin à cette singularité pour définir la nouvelle ligne directrice, atlantiste, du quai d’Orsay. Le 27 Août dernier, lors de la Conférence des ambassadeurs de France, il a affirmé sans détours son alignement sur les positions les plus dures des néoconservateurs américains. Le premier des trois défis du XXIème siècle est selon Nicolas Sarkozy, « une confrontation entre l’Islam et l’Occident ». Ni plus ni moins. On aurait cru entendre George Bush lui-même s’exprimer sur le perron de la Maison Blanche. S’agissant du conflit israélo-palestinien, la mollesse insipide des généralités avancées par le Président Français n’a laissé transpiré qu’une précision, de taille, qu’il a pris soin de bien placer pour se démarquer de son prédécesseur : « J’ai la réputation d’être l’ami d’Israël et c’est vrai. Je ne transigerai jamais sur la sécurité d’Israël. ». C’est bien. Mais qu’en est-il de la sécurité des palestiniens ? Silence de rigueur. Et ses déclarations récentes lors de sa visite en Egypte ou en Jordanie sur le conflit israëlo-palestinien n'auront rasséréné personne.
Désormais, en matière de politique étrangère, il ne faudra donc pas être surpris à voir que les discours de Nicolas Sarkozy, écrits par son scribe exclusif Henri Guaino, soient bien similaires aux papiers que Karl Rove rédigeait autrefois pour le bureau ovale.
Qu’en est-il donc de la question iranienne pour la France ?
En novembre 2006 déjà, Bernard Kouchner publiait
« Diplomatie française, une affaire intérieure ? » dans la revue Politique Internationale, et écrivait sans ambages « Sans conscience partagée des enjeux iraniens, comment espérons-nous légitimer une nécessaire réaction de défense ? Il a fallu des années d'images de Sarajevo, pourtant située sur notre continent, pour que l'opinion publique française approuve le principe d'envoi de troupes dans les Balkans ! Comment crédibiliser la négociation si nous ne sommes pas capables, un jour, d'intervenir aux côtés de nos alliés à Téhéran ? ». Merci Bernard.
Revenons en 2007.
Le 26 avril, alors en campagne pour le second tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy déclarait aux médias « ne pas pouvoir envisager que les Etats-Unis commettent l'erreur d'intervenir militairement en Iran ». La campagne est passée, il est président omnipuissant, et puisqu’il fut déclaré sans détours lors de la Conférence des ambassadeurs suscitée que « l'Iran doté de l'arme nucléaire est inacceptable », il faut donc en déduire qu’un bombardement de l’Iran fait bien partie désormais du commun des possibles.
En conférence de presse lors de sa visite d’Etat aux Etats-Unis au début de l'Automne, Nicolas Sarkozy conclut une de ses réponses relatives à l’Iran par un « Le dialogue, on le maintiendra jusqu’à la dernière seconde ». Abus de langage ou langage d'abus? Tiens bon. C’est ce que répétait à l’envi Tony Blair sur l’Irak avant son invasion. « Dernière »… la dernière seconde avant quoi ?
Jacques Chirac avait opposé le véto de la France à l’invasion de l’Irak. Il est bien évident que rien de similaire ne se fera concernant l’Iran. S’il est besoin un jour d’une légitimité de bombardement avalisée par les Nations Unies, la France y souscrira sans ciller.


Oui, c'est tristement vrai. La raison appelle le monde, mais ça sonne occupé.

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posted by Amine at 2:19 AM |


3 Comments:


At 1/10/2008 03:00:00 AM, Anonymous Anonymous

Merci pour le décryptage et accessoirement pour la trouvaille : Guaino//Rove.
Je ne suis pas aussi sûr que toi qu’une attaque de l’Iran est sur l’agenda. Mon arisonnement est simple Bush devrait quitter la maison blanche à la fin d’année et je ne crois pas qu’il pourrait lancer une attaque en un si court délais (à moins si c’est déjà préparé). Ce qui fait que tout dépendra de qui va lui succéder et s’il y aura une continuité dans la politique extérieur ou non.
Pour la France mon avis est qu’elle exagère les déclarations pour pousser l’Iran à faire profil bas. Une tactique en quelque sorte. Mais j’avoue que ton argumentaire n’est pas du tout faible.

 

At 1/10/2008 02:21:00 PM, Anonymous Anonymous

Amine, sur la possibilite d'une guerre en Iran, je suis convaincu que cela n'arrivera pas...les Etats Unis pour des raisons de politique interieure (electiosn bientot) et pratiques (ils n'ont pas les moyens humains d'ouvrir un nouveau front) ne se lanceront pas dans ce delire.

Si je me trompe et que les Etats Unis se lancent....Sarko ne pourra pas donner son appui (en tous les cas pas envoyer de troupes) ..il aurait toute la population contre lui...et de toute facon, je ne crois pas qu'il le fasse...

 

At 1/10/2008 03:11:00 PM, Anonymous Anonymous

Bonjour,
Personne ne croit à une menace iranienne actuellement ce qui est confirmé par le rapport récent des services américains eux-même.
Voici ce que déclarait le ministre des affaires étrangères israélien il y a peu :
« Foreign Minister Tzipi Livni said a few months ago in a series of closed discussions that in her opinion that Iranian nuclear weapons do not pose an existential threat to Israel, Haaretz magazine reveals in an article on Livni to be published Friday.

Livni also criticized the exaggerated use that Prime Minister Ehud Olmert is making of the issue of the Iranian bomb, claiming that he is attempting to rally the public around him by playing on its most basic fears. Last week, former Mossad chief Ephraim Halevy said similar things about Iran."
http://www.haaretz.com/hasen/spages/916758.html”

L'Iran est le grand vainqueur des derniers évènements moyen orientaux: son soutien au Hezbollah a permis à celui-ci de mettre en échec Tsahal.
Les provocations répétées d'Ahmadinejad envers l'Occident en proclamant haut et fort son antisionisme (et non pas son antisémitisme car la communauté juive iranienne n'est absolument pas menacée) et en défiant l'Amérique avec l'affaire du nucléaire militaire ne fait que renforcer son prestige, non plus seulement chez les chiites, mais dans le monde musulman dans son intégralité. L'Occident est tombé dans tous les "pièges" qui lui ont été tendus. En fin de compte, quelle importance qu'il possède la bombe atomique? Il ne pourra jamais l'utiliser contre Israel du fait de l'exiguité de son territoire (130 km dans sa plus grande largeur) ce qui frapperait autant les pays arabes voisins, à commencer par leurs alliés Hamas et Hezbollah. En quoi représente-t-il un danger supérieur au Pakistan, par exemple, qui pourrait tomber entre les mains d'une direction islamiste un jour? En quoi serait-il plus dangereux que la Corée du nord?
Les américains finiront par abandonner l'Irak à son sort qui est un gouvernement chiite à défaut de partition. Cela rendra l'Iran encore plus incontournable.
Telle est le résultat final de la politique des neo cons au Proche Orient: avoir promu le pilier de l'axe du Mal comme puissance incontournable de la région. Bravo Bush...
Cette politique relève de la provocation d’un régime en crise interne grave. L’Iran souhaiterait, par ses provocations, s’attirer une attaque américaine ou israélienne. Cela leur redonnerait, d’après eux, un prestige dans le monde musulman et souderait le peuple derrière un gouvernement résistant à l’impérialisme occidental. On connaît cette rhétorique par coeur et je suis étonné qu’elle ait encore un crédit quelconque.
De plus, je ne connais aucun précédent dans l’histoire d’un dirigeant de pays ayant eu une initiative qui, en connaissance de cause, ait eu pour conséquence sa disparition ainsi que celle d’une partie de son peuple!