Friday, May 26, 2006
"En la calle encontré a la familia que nunca tuve"
C’est dans la rue que j’ai rencontré la famille que je n’ai jamais eue.
KAOUTAR HAIK, PELUQUERA QUE FUE NIÑA DE LA CALLE
Kaoutar Haïk, coiffeuse autrefois fille de la rue.
Entrevista en "La Contra" de la Vanguardia de hoy.
Interview dans "La Contra" de la Vanguardia d'aujourd'hui.
IMA SANCHÍS - 26/05/2006
(Traduction libre par Label ASH)
Tengo 20 años. Nací en Tánger, soy la mayor de seis hermanos. Vivo en Barcelona, comparto piso con una amiga. Soy peluquera. Estoy divorciada. Creo que las mujeres, a veces, nos dejamos maltratar. Viví en la calle durante cuatro años, de los 12 a los 16 años. Creo en Dios. Virtu Morón ha publicado mi biografía, La niña de la calle, Styria.
J’ai 20 ans. Je suis née à Tanger, l’aînée de 6 frères et soeurs. Je vis à Barcelone et partage mon appartement avec une amie. Je suis coiffeuse. Je suis divorcée. Je crois que nous les femmes, parfois, nous nous laissons maltraiter. J’ai vécu dans la rue quatre années de 12 à 16 ans. Je crois en Dieu. Virtu Morón a publié ma biographie, “La fille de la rue”, Editions Styria.
Ha sido usted una ladrona.
Vous étiez une voleuse?
Sí, una niña ladrona. La primera vez que mi madre me echó de casa tenía 9 años. Nunca fue una buena mujer.
Oui, une enfant voleuse. La première dois que ma mère me jeta à la rue, j’avais 9 ans. Jamais elle ne fut une bonne femme.
¿Quizá una mujer frustrada?
Peut-être une femme frustrée?
Mis padres se pegaban mucho. Y ella me pegaba a mí y me mordía en la cara y en los brazos. Conservo la cicatriz de un cuchillo que quiso clavarme en el vientre.
Mes parents se battaient beaucoup. Et elle me frappait et me mordait le visage et les bras. Je garde la cicatrice d’un couteau qu’elle a voulu me planter dans le ventre.
¿Adónde fue cuando la echó de casa?
Où êtes-vous partie quand elle vous a jetée à la rue?
Fui y volví varias veces. En una de las últimas intentó casarme en Marruecos con un hombre de 30 años. Yo tenía 13. Le dije que no quería y me echó de nuevo.
Je suis partie puis revenue à maintes reprises. Une des dernières fois elle a essayé de me marier avec un homme âgé de 30 ans. Moi j’en avais 13. J’ai refusé, et elle me jeta à nouveau dehors.
¿Dónde dormía?
Où dormiez-vous ?
Primero di con una mujer que quiso prostituirme y luego fui a casa de mi padre. Se alegró de verme, pero me dijo que no podía quedarme porque estaba a punto de casarse.
D’abord avec une femme qui a voulu me prostituer, puis plus tard je suis allée pa la maison de mon père. Il était content de me voir, mais il me dit qu’il ne pouvait me garder car il était sur le point de se marier.
Menudo padre.
Tu parles d’un père!
Era bueno, me dejaba dinerillo para que me comprara tabaco y me envió a vivir con su hermana prostituta, que me acogió con cariño, pero un día no me abrió más la puerta. Así comenzó mi peregrinaje de centro de acogida a casa okupa y viceversa.
Il était bon, me laissait un peu d’argent pour que je m’achète ds cigarettes et il m’envoya vivre avec sa sœur prostituée, qui m’acccueilla avec affection, mais un jour elle ne m’ouvrit plus sa porte. C’est ainsi que commencèrent mes pérégrinations de centres d’accueils vers des squats et vice versa.
Descríbame el ambiente okupa.
Décrivez-moi l’ambiance des squats.
Había mucha ropa y trastos esparcidos por el suelo, pero a míme pareció un ambiente de hermandad bastante chulo. Las tragedias siempre unen. En la calle encontré a la gran familia que nunca tuve. Robaba en la zona de la Rambla, plaza Catalunya y calle Escudillers. Aprendí mucho.
Il y avait beaucoup de vêtements et de vieilleries sur le sol, mais je ressentais une atmosphère de fraternité très agréable. C ?est dans la rue que j’ai rencontré la grande famille que je n’ai jamais eue. Je volas dans la zone de La Rambla, de la Plaza Catalunya et de la Rue Escudillers. J’ai beaucoup appris.
¿Qué aprendió?
Qu’avez-vous appris.
Que era preferible robar a turistas, porque suelen cargar con todas sus pertenencias. Ysi eran chinos o japoneses, mejor, porque son pequeñitos y enclenques.
Qu’il est préférable de voler des touristes car ils gardent sur eux toutes leurs affaires. Et s’ils y avait des chinois ou des japonais, c’était mieux, car ils sont petits et malingres
¿Cómo lo hacía?
Comment faisiez-vous?
Robábamos en grupos de cuatro o cinco. Uno tiraba del bolso, y si la víctima ponía resistencia, otro por detrás le daba un golpe. Nos íbamos pasando el bolso y si veíamos a la poli, pactábamos un punto de encuentro para repartirnos el botín. La documentación, ropa y carteras las tirábamos en un contenedor. Sólo nos quedábamos con el dinero, que no tiene nombre ni dueño.
Nous volions en groupe de quatre ou cinq. On arrachait des sacs, et si la victime opposait de la résistance un des autres lui donnait un coup par derrière. Nous vérifions le sac et si nous apercevions la police, on se mettait d’accord sur un point de rencontre pour nous répartir le butin. Nous jetions les documents, les vêtements et les portefeuilles dans des bennes à ordures. Nous ne gardions que l’argent, qui n’a ni nom ni propriétaire.
Eso pregúnteselo al que se lo ha ganado.
Ça il faut le demander à celui à qui vous l’avez pris.
Lo sé, había que tener mucho valor para hacerlo, así que empecé a drogarme. Si tenía dinero me colocaba con éxtasis, cuatro pastillas por 30 euros; si no, con disolvente.
Je sais, il fallait que cela ait beaucoup de valeur pour le faire, et c’est ainsi que j’ai commencé à me droguer. Quand j’avais de l’argent je me défonçais avec de l’extasy, quatre pastilles pour 30 euros, autrement j’utilisais du dissolvant.
¿Tranquilizantes para el día, excitantes por la noche?
Des tranquilisants pour le jour, des excitants pour la nuit ?
Exacto. Nos despertábamos a las siete de la tarde. Solía ir a casas de okupas marroquíes que me enseñaron la técnica kajagh para cuando la víctima se rebotaba: le coges por detrás y le aprietas la garganta con el antebrazo hasta dejarlo inconsciente.
Exactement. Nous nous réveillions à sept heures de l’après-midi. Je partais dans des squats de marocains qui m’enseignaient la technique Kajagh pour que lorsque la victime réagissait, on la prenait par derrière et lui serrait la gorge avec l’avant-bras jusqu’à la rendre inconsciente.
¡Qué horror!
Quelle horreur!
A veces era muy espectacular, porque se quedaban con los ojos en blanco, sin conocimiento y sacando espuma por la boca.
Parfois c’était très spectaculaire parce qu’ils se retrouvaient avec les yeux retournés, sans connaissance et recrachant de la mousse par la bouche.
Era usted una salvaje.
Vous étiez une sauvage
Estaba rabiosa porque no tenía a nadie. Ahora pienso en los pobres japoneses y me pongo a llorar. Me doy vergüenza.
J’étais enragée parce que je n’avais personne. Aujourd’hui je repense aux pauvres japonais et je me mets à pleurer. J’en ai honte.
¿Quizá por eso lo cuenta?
C’est probablement pour cela que vous le racontez?
Quizá. Nos reuníamos a las diez de la noche en un café internet al final de la Rambla. Allí nos tomábamos el café, las pastillas y controlábamos a los turistas y a la poli. Sí, me daba pena verme en esa situación. Ya hacía días que me rondaba la idea del suicidio.
Peut-être. Nous nous retrouvions à 10 heures le soir dans un café Internet vers le bas de la Rambla. Là-bas nous prenions notre café, nos pastilles et surveillions les touristes et la police. Oui, cela me faisait de la peine de me retrouver dans cette situation. Et il y avait des jours où me hantait l’idée du suicide.
¿Lo intentó?
Avez-vous essayé?
Me tomé un montón de pastillas y acabé en el hospital del Mar, de allí a comisaría porque era menor de edad. Me recogió el marido de mi prima y me fui a vivir con ellos. Él era traficante de visas. Un día buscó rollo conmigo y me marché.
J’ai avalé énormément de pastilles et je me suis retrouvé dans l’hôpital Del Mar, et de là-bas vers un commissariat car j’étais mineur. Le mari de ma cousine est venu me chercher et je suis partie vivre avec eux. Lui est trafiquant de visas. Un jour il m’a cherché des histoires et je suis partie.
¿Adónde fue esta vez?
Où êtes vous allée cette fois.
A Madrid, en busca de Laila, una marroquí que era una especie de heroína de la gente como yo. Tenía 18 años, tres más que yo. Robábamos por vicio, queríamos más y más.
A Madrid, à la recherche de Laïla, une marocaine qui était une espèce d’héroïne comme moi. Elle avait 18 ans, trois de plus que moi. Nous volions par vice, nous en voulions encore plus.
¿?
?
Creía que el dinero lo solucionaría todo. Estaba triste, sentía un deseo enorme de ver a mi madre, hubiera dado la vida por estar entre sus brazos. Regresé, era Navidad. Me abrió mi hermana: "Mamá no está. Vete, aquí nadie quiere verte".
Je pensais que l’argent était la solution `tout. J’étais triste, je ressentais un besoin énorme de voir ma mère, j’aurais donné ma vie pour me retrouver dans ses bras. Je suis rentré, c’était Noël. C’est ma sœur qui m’ouvre la porte. « Maman n’est pas là. Va-t-en, ici personne ne veut te voir »
Y volvió con lo mejorcito de la ciudad.
Et vous êtes reparti à la rue.
Sí, ladrones y traficantes de droga. Nos colocábamos continuamente: disolvente, porros, pastillas y cocaína. No me preocupaba por nada, sólo por tener dinero para mis vicios. Dormía en el metro, me acurrucaba en las salidas de aire caliente. Se estaba bien.
Oui, avec des voleurs et des trafiquants de drogue. Nous nous défoncions en permancence, des disolvants, des joints, des patilles et de la cocaïne. Rien ne m’importait à part l’argent qui me permettait de satisfaire mes vices. Je dormais dans le métro, me blottissais contre les sorties d’air chaud. J’étais bien.
¿Sí, estaba bien?
Vous étiez bien ?
Sí, porque por lo menos el grupo al que pertenecía me respetaba. Pero un educador me sacó de la calle y me llevó a un centro en el que se portaron muy bien conmigo. Me llevaron a una academia de peluquería donde pronto empecé a trabajar. Era feliz.
Oui, parce qu’au moins le groupe auquel j’appartenais me respectait. Mais un éducateur me sortit de la rue et m’amena à un centre où ils se comportèrent très bien avec moi. Ils m’emmenèrent à une école de coiffure où très vite j’ai commencé à travailler. J’étais heureuse.
¿Y?
Puis?
Volví a la calle y a las drogas tras un encuentro con mi madre. A una china le pegué tal paliza que no se podía levantar del suelo. La gente no hacía nada por evitarlo. Un día me tomé 18 tranquimazines y volví con los educadores.
Je suis retournée à la rue et aux drogues suite à une rencontre avec ma mère. Un jour j’avais donné une telle raclée à une chinoise qu’elle ne pouvait plus se relever. Les gens ne faisaient rien pour m’en empêcher. Puis je me suis pris 18 tranquillisants et je suis retournée voir les éducateurs.
Tiene usted talante de superviviente.
Vous avez un vrai talent de survie.
Encontré trabajo en una peluquería, los dueños son como unos padres para mí. Me enamoré de un marroquí que pronto empezó a pegarme. Le perdoné hasta que no quedó un centímetro de mi piel sin golpear. Mi madre declaró en el juicio a su favor. Ese maltratador acabó casándose con mi hermana.
J’ai trouvé du travail dans un salon de coiffure, les propriétaires sont comme des parents pour moi. Je suis tombé amoureuse d’un marocain qui très vite a commencé à me battre. Je lui pardonnais, jusqu’au jour où il ne me resta plus un seul centimètre de peau sans coups. Ma mère témoigna devant le juge en sa faveur. Ce bourreau se retrouva marié à ma sœur.
Por lo menos se lo sacó de encima.
Au moins vous vous en êtes débarassé.
Los malos tratos llaman a los malos tratos. A los 20 años me casé con otro que también me levantó la mano, pero sólo una vez. Lo abandoné. Ya casi nada puede conmigo.
Les mauvais traitements appellent les mauvais traitements. A l’âge de 20 ans je me suis marié avec un autre qui a aussi levé la main sur moi, mais seulement une fois. Je l’ai laissé tombé. Plus rien ne peut m’affecter désormais.
C’est dans la rue que j’ai rencontré la famille que je n’ai jamais eue.
KAOUTAR HAIK, PELUQUERA QUE FUE NIÑA DE LA CALLE
Kaoutar Haïk, coiffeuse autrefois fille de la rue.
Entrevista en "La Contra" de la Vanguardia de hoy.
Interview dans "La Contra" de la Vanguardia d'aujourd'hui.
IMA SANCHÍS - 26/05/2006
(Traduction libre par Label ASH)
Tengo 20 años. Nací en Tánger, soy la mayor de seis hermanos. Vivo en Barcelona, comparto piso con una amiga. Soy peluquera. Estoy divorciada. Creo que las mujeres, a veces, nos dejamos maltratar. Viví en la calle durante cuatro años, de los 12 a los 16 años. Creo en Dios. Virtu Morón ha publicado mi biografía, La niña de la calle, Styria.
J’ai 20 ans. Je suis née à Tanger, l’aînée de 6 frères et soeurs. Je vis à Barcelone et partage mon appartement avec une amie. Je suis coiffeuse. Je suis divorcée. Je crois que nous les femmes, parfois, nous nous laissons maltraiter. J’ai vécu dans la rue quatre années de 12 à 16 ans. Je crois en Dieu. Virtu Morón a publié ma biographie, “La fille de la rue”, Editions Styria.
Ha sido usted una ladrona.
Vous étiez une voleuse?
Sí, una niña ladrona. La primera vez que mi madre me echó de casa tenía 9 años. Nunca fue una buena mujer.
Oui, une enfant voleuse. La première dois que ma mère me jeta à la rue, j’avais 9 ans. Jamais elle ne fut une bonne femme.
¿Quizá una mujer frustrada?
Peut-être une femme frustrée?
Mis padres se pegaban mucho. Y ella me pegaba a mí y me mordía en la cara y en los brazos. Conservo la cicatriz de un cuchillo que quiso clavarme en el vientre.
Mes parents se battaient beaucoup. Et elle me frappait et me mordait le visage et les bras. Je garde la cicatrice d’un couteau qu’elle a voulu me planter dans le ventre.
¿Adónde fue cuando la echó de casa?
Où êtes-vous partie quand elle vous a jetée à la rue?
Fui y volví varias veces. En una de las últimas intentó casarme en Marruecos con un hombre de 30 años. Yo tenía 13. Le dije que no quería y me echó de nuevo.
Je suis partie puis revenue à maintes reprises. Une des dernières fois elle a essayé de me marier avec un homme âgé de 30 ans. Moi j’en avais 13. J’ai refusé, et elle me jeta à nouveau dehors.
¿Dónde dormía?
Où dormiez-vous ?
Primero di con una mujer que quiso prostituirme y luego fui a casa de mi padre. Se alegró de verme, pero me dijo que no podía quedarme porque estaba a punto de casarse.
D’abord avec une femme qui a voulu me prostituer, puis plus tard je suis allée pa la maison de mon père. Il était content de me voir, mais il me dit qu’il ne pouvait me garder car il était sur le point de se marier.
Menudo padre.
Tu parles d’un père!
Era bueno, me dejaba dinerillo para que me comprara tabaco y me envió a vivir con su hermana prostituta, que me acogió con cariño, pero un día no me abrió más la puerta. Así comenzó mi peregrinaje de centro de acogida a casa okupa y viceversa.
Il était bon, me laissait un peu d’argent pour que je m’achète ds cigarettes et il m’envoya vivre avec sa sœur prostituée, qui m’acccueilla avec affection, mais un jour elle ne m’ouvrit plus sa porte. C’est ainsi que commencèrent mes pérégrinations de centres d’accueils vers des squats et vice versa.
Descríbame el ambiente okupa.
Décrivez-moi l’ambiance des squats.
Había mucha ropa y trastos esparcidos por el suelo, pero a míme pareció un ambiente de hermandad bastante chulo. Las tragedias siempre unen. En la calle encontré a la gran familia que nunca tuve. Robaba en la zona de la Rambla, plaza Catalunya y calle Escudillers. Aprendí mucho.
Il y avait beaucoup de vêtements et de vieilleries sur le sol, mais je ressentais une atmosphère de fraternité très agréable. C ?est dans la rue que j’ai rencontré la grande famille que je n’ai jamais eue. Je volas dans la zone de La Rambla, de la Plaza Catalunya et de la Rue Escudillers. J’ai beaucoup appris.
¿Qué aprendió?
Qu’avez-vous appris.
Que era preferible robar a turistas, porque suelen cargar con todas sus pertenencias. Ysi eran chinos o japoneses, mejor, porque son pequeñitos y enclenques.
Qu’il est préférable de voler des touristes car ils gardent sur eux toutes leurs affaires. Et s’ils y avait des chinois ou des japonais, c’était mieux, car ils sont petits et malingres
¿Cómo lo hacía?
Comment faisiez-vous?
Robábamos en grupos de cuatro o cinco. Uno tiraba del bolso, y si la víctima ponía resistencia, otro por detrás le daba un golpe. Nos íbamos pasando el bolso y si veíamos a la poli, pactábamos un punto de encuentro para repartirnos el botín. La documentación, ropa y carteras las tirábamos en un contenedor. Sólo nos quedábamos con el dinero, que no tiene nombre ni dueño.
Nous volions en groupe de quatre ou cinq. On arrachait des sacs, et si la victime opposait de la résistance un des autres lui donnait un coup par derrière. Nous vérifions le sac et si nous apercevions la police, on se mettait d’accord sur un point de rencontre pour nous répartir le butin. Nous jetions les documents, les vêtements et les portefeuilles dans des bennes à ordures. Nous ne gardions que l’argent, qui n’a ni nom ni propriétaire.
Eso pregúnteselo al que se lo ha ganado.
Ça il faut le demander à celui à qui vous l’avez pris.
Lo sé, había que tener mucho valor para hacerlo, así que empecé a drogarme. Si tenía dinero me colocaba con éxtasis, cuatro pastillas por 30 euros; si no, con disolvente.
Je sais, il fallait que cela ait beaucoup de valeur pour le faire, et c’est ainsi que j’ai commencé à me droguer. Quand j’avais de l’argent je me défonçais avec de l’extasy, quatre pastilles pour 30 euros, autrement j’utilisais du dissolvant.
¿Tranquilizantes para el día, excitantes por la noche?
Des tranquilisants pour le jour, des excitants pour la nuit ?
Exacto. Nos despertábamos a las siete de la tarde. Solía ir a casas de okupas marroquíes que me enseñaron la técnica kajagh para cuando la víctima se rebotaba: le coges por detrás y le aprietas la garganta con el antebrazo hasta dejarlo inconsciente.
Exactement. Nous nous réveillions à sept heures de l’après-midi. Je partais dans des squats de marocains qui m’enseignaient la technique Kajagh pour que lorsque la victime réagissait, on la prenait par derrière et lui serrait la gorge avec l’avant-bras jusqu’à la rendre inconsciente.
¡Qué horror!
Quelle horreur!
A veces era muy espectacular, porque se quedaban con los ojos en blanco, sin conocimiento y sacando espuma por la boca.
Parfois c’était très spectaculaire parce qu’ils se retrouvaient avec les yeux retournés, sans connaissance et recrachant de la mousse par la bouche.
Era usted una salvaje.
Vous étiez une sauvage
Estaba rabiosa porque no tenía a nadie. Ahora pienso en los pobres japoneses y me pongo a llorar. Me doy vergüenza.
J’étais enragée parce que je n’avais personne. Aujourd’hui je repense aux pauvres japonais et je me mets à pleurer. J’en ai honte.
¿Quizá por eso lo cuenta?
C’est probablement pour cela que vous le racontez?
Quizá. Nos reuníamos a las diez de la noche en un café internet al final de la Rambla. Allí nos tomábamos el café, las pastillas y controlábamos a los turistas y a la poli. Sí, me daba pena verme en esa situación. Ya hacía días que me rondaba la idea del suicidio.
Peut-être. Nous nous retrouvions à 10 heures le soir dans un café Internet vers le bas de la Rambla. Là-bas nous prenions notre café, nos pastilles et surveillions les touristes et la police. Oui, cela me faisait de la peine de me retrouver dans cette situation. Et il y avait des jours où me hantait l’idée du suicide.
¿Lo intentó?
Avez-vous essayé?
Me tomé un montón de pastillas y acabé en el hospital del Mar, de allí a comisaría porque era menor de edad. Me recogió el marido de mi prima y me fui a vivir con ellos. Él era traficante de visas. Un día buscó rollo conmigo y me marché.
J’ai avalé énormément de pastilles et je me suis retrouvé dans l’hôpital Del Mar, et de là-bas vers un commissariat car j’étais mineur. Le mari de ma cousine est venu me chercher et je suis partie vivre avec eux. Lui est trafiquant de visas. Un jour il m’a cherché des histoires et je suis partie.
¿Adónde fue esta vez?
Où êtes vous allée cette fois.
A Madrid, en busca de Laila, una marroquí que era una especie de heroína de la gente como yo. Tenía 18 años, tres más que yo. Robábamos por vicio, queríamos más y más.
A Madrid, à la recherche de Laïla, une marocaine qui était une espèce d’héroïne comme moi. Elle avait 18 ans, trois de plus que moi. Nous volions par vice, nous en voulions encore plus.
¿?
?
Creía que el dinero lo solucionaría todo. Estaba triste, sentía un deseo enorme de ver a mi madre, hubiera dado la vida por estar entre sus brazos. Regresé, era Navidad. Me abrió mi hermana: "Mamá no está. Vete, aquí nadie quiere verte".
Je pensais que l’argent était la solution `tout. J’étais triste, je ressentais un besoin énorme de voir ma mère, j’aurais donné ma vie pour me retrouver dans ses bras. Je suis rentré, c’était Noël. C’est ma sœur qui m’ouvre la porte. « Maman n’est pas là. Va-t-en, ici personne ne veut te voir »
Y volvió con lo mejorcito de la ciudad.
Et vous êtes reparti à la rue.
Sí, ladrones y traficantes de droga. Nos colocábamos continuamente: disolvente, porros, pastillas y cocaína. No me preocupaba por nada, sólo por tener dinero para mis vicios. Dormía en el metro, me acurrucaba en las salidas de aire caliente. Se estaba bien.
Oui, avec des voleurs et des trafiquants de drogue. Nous nous défoncions en permancence, des disolvants, des joints, des patilles et de la cocaïne. Rien ne m’importait à part l’argent qui me permettait de satisfaire mes vices. Je dormais dans le métro, me blottissais contre les sorties d’air chaud. J’étais bien.
¿Sí, estaba bien?
Vous étiez bien ?
Sí, porque por lo menos el grupo al que pertenecía me respetaba. Pero un educador me sacó de la calle y me llevó a un centro en el que se portaron muy bien conmigo. Me llevaron a una academia de peluquería donde pronto empecé a trabajar. Era feliz.
Oui, parce qu’au moins le groupe auquel j’appartenais me respectait. Mais un éducateur me sortit de la rue et m’amena à un centre où ils se comportèrent très bien avec moi. Ils m’emmenèrent à une école de coiffure où très vite j’ai commencé à travailler. J’étais heureuse.
¿Y?
Puis?
Volví a la calle y a las drogas tras un encuentro con mi madre. A una china le pegué tal paliza que no se podía levantar del suelo. La gente no hacía nada por evitarlo. Un día me tomé 18 tranquimazines y volví con los educadores.
Je suis retournée à la rue et aux drogues suite à une rencontre avec ma mère. Un jour j’avais donné une telle raclée à une chinoise qu’elle ne pouvait plus se relever. Les gens ne faisaient rien pour m’en empêcher. Puis je me suis pris 18 tranquillisants et je suis retournée voir les éducateurs.
Tiene usted talante de superviviente.
Vous avez un vrai talent de survie.
Encontré trabajo en una peluquería, los dueños son como unos padres para mí. Me enamoré de un marroquí que pronto empezó a pegarme. Le perdoné hasta que no quedó un centímetro de mi piel sin golpear. Mi madre declaró en el juicio a su favor. Ese maltratador acabó casándose con mi hermana.
J’ai trouvé du travail dans un salon de coiffure, les propriétaires sont comme des parents pour moi. Je suis tombé amoureuse d’un marocain qui très vite a commencé à me battre. Je lui pardonnais, jusqu’au jour où il ne me resta plus un seul centimètre de peau sans coups. Ma mère témoigna devant le juge en sa faveur. Ce bourreau se retrouva marié à ma sœur.
Por lo menos se lo sacó de encima.
Au moins vous vous en êtes débarassé.
Los malos tratos llaman a los malos tratos. A los 20 años me casé con otro que también me levantó la mano, pero sólo una vez. Lo abandoné. Ya casi nada puede conmigo.
Les mauvais traitements appellent les mauvais traitements. A l’âge de 20 ans je me suis marié avec un autre qui a aussi levé la main sur moi, mais seulement une fois. Je l’ai laissé tombé. Plus rien ne peut m’affecter désormais.
posted by Amine at 10:21 AM |
5 Comments:
« back home
Post a Commenthi this is nawar,
first of all thx alot about all whatyou write.
it is soo unfotune to see and hera what suffers moroccans in foreign coutries,
but as we say hkmat 3liah derouf the person , life sometimes is unfair, but God don't forget its creatures, as we see she cecomes a new one, and the best thing is that she knows taht she was wrong,this a beggining of a new human being i think,i hope that luck wouldnt be in contrary with her in the futur,
it is simple, having faith and maykoun ghi l khir
nawar