Le 12 Juin, ce sera au tour des Iraniens d'aller aux urnes, afin de reconduire Mahmoud Ahmadinejad ou de le remplacer (Mehdi Karoubi? Mohsen Rezaï? Mir Hossein Moussavi?). Coup d'épée dans l'eau sans nul doute. La Présidence Iranienne est essentiellement une vitrine qui, certes, préside le conseil des ministres et dirige le gouvernement, mais qui ne préside nullement aux destinées du pays tant il est vrai que celui-ci est entre les seules mains du Guide de la Révolution (appelé Rahbar-e enqelāb رهبر انقلاﺏ - - ou aussi Valiye Faqih - ولی فقیه), à savoir l'Ayatollah Ali Khamenei. Ce dernier supervise les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, s’assure du bon fonctionnement des institutions et détermine les grandes orientations du régime. L’armée, la Défense, les forces de l’ordre et la justice sont ... directement sous son contrôle. Autant dire que pour défrayer la chronique, Ahmadinejad a globalement carte blanche, mais qu'en aucun cas son index ne pourrait à un quelconque moment frôler le petit "bouton rouge" qui fait si peur, et que pourtant d'autres à quelques milliers de kilomètres caressent sans vergogne et sans que cela ne suscite plus d'émoi qu'il n'en faudrait.
Mais revenons au 7 juin, car ce même jour, les Libanais seront aussi face aux urnes pour des élections législatives dont les tenants et aboutissants dépassent très largement les frontières de l'échiquier politique "local".
J'y vais de quelques prolégomènes dans le désordre? Allez.
- Le Hezbollah est qualifié d'organisation terroriste par cette chimère communément appelée "l'opinion internationale" alors que ce n'est strictement pas le cas, n'en déplaise à beaucoup. Pas besoin de vous énerver, ni d'écarquiller les yeux, non, j'insiste, le Hezbollah n'est pas une organisation terroriste (si vous lisez ceci c'est que vous n'avez pas encore zappé cet article, dont on va continuer à lire la suite ensemble ok?). Remettons les points sur les ·i· : c’est une mouvance de résistance fondée (sur financement principalement Iranien) en juin 1982 en réponse à l’invasion du Liban par Israël. Les Etats-Unis et Israël (au passage le Canada aussi mais je me suis toujours demandé pourquoi ce pays s’était réveillé de son habituelle léthargie diplomatique sur la scène internationale pour prendre position sur ce sujet…) considèrent qu’il s’agit d’un mouvement terroriste. La Russie, pas du tout. Important de le souligner. Or, et je fais court, suite à l’invasion du Liban (une nouvelle fois, mais c’est normal, Israël adore envahir), le Hezbollah a su mettre en échec Tsahal, gagner encore plus en force de « résistance » versus « groupe terroriste ».
- Ce changement de fond de la perception du Hezbollah comme organe de défense face à l’oppresseur, a démultiplié son champ de sympathisants. Désormais, ce ne sont pas les seuls chiites qui clament « vive Nasrallah », mais les chrétiens eux-mêmes. Nasrallah, nouveau chantre du patriotisme libanais ? Pas pour tout le monde, pas pour une majorité votante, il semblerait que oui.
- Et que feraient les « démocrates » si le vote démocratique voit émerger le Hezbollah en première force politique ? Invalidation de principe comme lors de la victoire du Hamas ? la démocratie quand cela nous sied, le despotisme quand cela nous sert ? une démocratie à deux vitesses sous couvert de « lutte contre le terrorisme » ?
- Israël a entamé à ce sujet sa guéguerre médiatique depuis un bon moment, mettant sur le dos du Hezbollah l’assassinant de Hariri. Tout est possible, mais sur un sujet aussi grave (où tout le monde pointe plutôt du doigt la Syrie), il faut des preuves vraiment solides, surtout à la veille d’élections législatives, sinon ça fait vite un flop !
- Rajoutez à cela un Michel Aoun (qui m'horripile… pour rester poli) qui pactise avec le Hezbollah, cela va nous donner un cocktail assez explosif.
Juin donc, les urnes parleront, les futés déblatéreront, et ça sentira encore le souffre.
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