Friday, December 29, 2006
J'avais entamé la rédaction d'un billet sur l'année 2007, mais je me suis souvenu de mon post de l'an dernier à la même période, et j'ai renoncé à achever mon brouillon.
Il y a un an, ici même donc, je publiais le billet qui suit.
Vu que je suis têtu et que rien n'a bougé, bis repetitas voire pire, je reformule les mêmes voeux.
"Mon frère africain,
Je sais qu'il est coutume de former des résolutions à la veille d'une nouvelle année calendaire.
Pour 2007, je n'ai pas du tout envie d'en formuler.
D'abord parce que je n'ai pas envie de me résoudre à quoi que ce soit et encore moins de délimiter cela dans le temps, ensuite parce que depuis que les décisions de l'ONU sont formulées sous la forme de résolutions qui ne sont jamais appliquées, ce mot vidé de tout sens me révulse.
A défaut de résolutions donc, je m'en tiendrai plutôt à quelques voeux, même si je sais que certains seront malheureusement pieux...
Mon frère africain,
Après avoir investi notre continent, exploité ses richesses, asservi ses populations, sans omettre de les réduire parfois à l'esclavage, les puissances coloniales ont décidé de se partager nos ressources, de tracer des frontières ad hoc sans demander quoi que ce soit à quiconque. Puis elles ont concédé des indépendances aux différents pays de ce continent maudit, s'assurant de nous garder dépendant d'elles.
Alors aujourd'hui, lorsque la misère est trop forte, que tu n'as plus de quoi faire vivre les tiens, tu assumes le risque de mourir pour rejoindre cette chimère qu'est l'occident. Fut-ce-t'il au prix de ta vie, tu ne vois plus le salut que dans cette saleté d'émigration vers ce mirage d'Eden brûlé où personne ne veut de toi. Visa disent-ils. En ont-ils demandé lorsque eux sont venus sur ta terre?
Et quitte à traverser le désert et à y laisser ton âme, à te noyer dans le détroit, à recevoir des balles au seuil d'une frontière, la rage aux trippes, contre vents et marrées, tu ne renonces pas et recommenceras autant de fois qu'il le faudra cette fuite vers le Nord.
Cet automne, je t'ai vu mon frère africain, à la porte de Melilla, humilié, traité tel un animal. Dans mon pays, le Maroc. Tu n'étais là qu'en transit et transi de foid et de faim on t'a abandonné, rejeté, refoulé. Comme un malpropre que tu n'es pourtant pas. J'ai eu envie de mourir de honte le jour où je t'ai vu hurler face à la caméra, étouffé par tes sanglots "tu vois cette couleur sur ma peau, c'est noir, et c'est pas bon ça, c'est pas bon".
Alors voilà, je fais le voeu mon frère africain, que tu n'aies plus jamais honte de la couleur de ta peau, pas dans mon pays, que tu n'aies plus jamais à subir la honte que mon pays t'a fait subir. Je fais le voeu qu'en mon pays tu verras un jour une terre hospitalière qui saura t'ouvrir les bras. Je fais le voeu naïf que face à la pandémie de Sida qui te brûle à petit feu, les laboratoires du Nord accèpteront un jour de songer un petit peu moins aux profits, et qu'ils te laisseront utiliser des médicaments génériques qui te maitiendront en vie. Je fais le voeu qu'un jour l'occident s'intéressera à toi avant que les caméras ne montrent épisodiquement tes enfants mourir de faim. Je fais le voeu qu'on ne laissera plus les génocides avoir lieu en les regardant, sourire aux lèvres et les bras croisés.
Et je fais le voeu, plus personnel, qu'un jour, à moi marocain, tu me pardonneras pour ce que tu as subi dans mon pays.
Mon frère africain, je te souhaite une meilleure année.
Fraternellement.
Amine."
Il y a un an, ici même donc, je publiais le billet qui suit.
Vu que je suis têtu et que rien n'a bougé, bis repetitas voire pire, je reformule les mêmes voeux.
"Mon frère africain,
Je sais qu'il est coutume de former des résolutions à la veille d'une nouvelle année calendaire.
Pour 2007, je n'ai pas du tout envie d'en formuler.
D'abord parce que je n'ai pas envie de me résoudre à quoi que ce soit et encore moins de délimiter cela dans le temps, ensuite parce que depuis que les décisions de l'ONU sont formulées sous la forme de résolutions qui ne sont jamais appliquées, ce mot vidé de tout sens me révulse.
A défaut de résolutions donc, je m'en tiendrai plutôt à quelques voeux, même si je sais que certains seront malheureusement pieux...
Mon frère africain,
Après avoir investi notre continent, exploité ses richesses, asservi ses populations, sans omettre de les réduire parfois à l'esclavage, les puissances coloniales ont décidé de se partager nos ressources, de tracer des frontières ad hoc sans demander quoi que ce soit à quiconque. Puis elles ont concédé des indépendances aux différents pays de ce continent maudit, s'assurant de nous garder dépendant d'elles.
Alors aujourd'hui, lorsque la misère est trop forte, que tu n'as plus de quoi faire vivre les tiens, tu assumes le risque de mourir pour rejoindre cette chimère qu'est l'occident. Fut-ce-t'il au prix de ta vie, tu ne vois plus le salut que dans cette saleté d'émigration vers ce mirage d'Eden brûlé où personne ne veut de toi. Visa disent-ils. En ont-ils demandé lorsque eux sont venus sur ta terre?
Et quitte à traverser le désert et à y laisser ton âme, à te noyer dans le détroit, à recevoir des balles au seuil d'une frontière, la rage aux trippes, contre vents et marrées, tu ne renonces pas et recommenceras autant de fois qu'il le faudra cette fuite vers le Nord.
Cet automne, je t'ai vu mon frère africain, à la porte de Melilla, humilié, traité tel un animal. Dans mon pays, le Maroc. Tu n'étais là qu'en transit et transi de foid et de faim on t'a abandonné, rejeté, refoulé. Comme un malpropre que tu n'es pourtant pas. J'ai eu envie de mourir de honte le jour où je t'ai vu hurler face à la caméra, étouffé par tes sanglots "tu vois cette couleur sur ma peau, c'est noir, et c'est pas bon ça, c'est pas bon".
Alors voilà, je fais le voeu mon frère africain, que tu n'aies plus jamais honte de la couleur de ta peau, pas dans mon pays, que tu n'aies plus jamais à subir la honte que mon pays t'a fait subir. Je fais le voeu qu'en mon pays tu verras un jour une terre hospitalière qui saura t'ouvrir les bras. Je fais le voeu naïf que face à la pandémie de Sida qui te brûle à petit feu, les laboratoires du Nord accèpteront un jour de songer un petit peu moins aux profits, et qu'ils te laisseront utiliser des médicaments génériques qui te maitiendront en vie. Je fais le voeu qu'un jour l'occident s'intéressera à toi avant que les caméras ne montrent épisodiquement tes enfants mourir de faim. Je fais le voeu qu'on ne laissera plus les génocides avoir lieu en les regardant, sourire aux lèvres et les bras croisés.
Et je fais le voeu, plus personnel, qu'un jour, à moi marocain, tu me pardonneras pour ce que tu as subi dans mon pays.
Mon frère africain, je te souhaite une meilleure année.
Fraternellement.
Amine."
posted by Amine at 1:20 AM |
2 Comments:
« back home
Post a CommentAt 1/05/2007 12:44:00 AM, Nabukho
Salam Amine, superbe post; que tes voeux puissent être réalisés un jour.
Que nos frères africains nous excusent, ils sont chez eux chez nous, certains d'entre nous ont pu être lâches devant eux; nous le sommes pas tous, croyez-nous.
Un jour, peut-être, on marchera côte à côte...et pourquoi pas vers le sud cette fois-ci.