Wednesday, February 09, 2005
J’ai tout essayé : patchs, sticks, tampons (à coller, ne vous méprenez pas), rien à faire, je n’arrive pas à arrêter de fumer. Pourquoi ? Les mêmes et sempiternelles excuses : parce que je suis stressé, je bosse beaucoup, ça me calme, je n’arrive pas à m’en passer, c’est une dépendance physique… En fait, je crois que nous les hommes, certains d’entre nous du moins, nous développons une relation érotique avec la cigarette. Je m’explique.
Considérons, ou plutôt pensons la cigarette. Nous la conservons tout d’abord soigneusement cachée, protégée dans son paquet. Puis, lorsque sa compagnie nous fait défaut, que le besoin d’y goûter devient impérieux, tel une assuétude, nous la sortons délicatement de sa cachette, la caressant de nos doigts épais, nous préparant à mieux faire sa connaissance. Elle nous semble si fragile dans son costume de papier que nous prenons bien soin de ne pas la molester, de ne pas la tordre. Son parfum brun, plein de volupté et de caractère, vient enivrer nos sens qui ne peuvent échapper à l’emprise de sa séduction. Déstabilisés, nous la portons alors à nos lèvres afin de lui faire un baisemain sur ce gant jaune dissimulant l’intimité d’un corps pudique. Mais sa pudeur ne l’empêche cependant pas de nous révéler sa nature aguicheuse, puisqu’elle nous invite à la séduire en frottant contre nos lèvres ses hanches soyeuses situées à son extrémité. Sa fragilité nous donne alors envie de la réchauffer; nous nous saisissons d’une flamme, tentant de la faire rougir, mais impatients, allons jusqu’à l’allumer. Elle s’embrase spontanément, étourdie par la chaleur, puis se met à se consumer lentement pour mieux faire durer le plaisir. Nous lui faisons tendrement l’amour, aspirant à pleines bouffées sa chaleur grandissante. A chaque aspiration, elle se met à frémir, à gémir sous l’effet de cette chaleur qui vient froisser sa robe blanche. Puis elle se met à rétrécir d’un côté, comme pour nous pénétrer de l’autre. Elle nous pénètre chaudement de son souffle brûlant, dans un va-et-vient incessant, flirtant avec notre gorge, et vient ensuite caresser nos bronches. C’est alors l’osmose totale, nous ne formons plus qu’un. Elle se promène dans tout notre corps, jusqu’au cerveau qui se met à végéter dans un monde virtuel. La première de la journée est la plus déstabilisante, c’est elle qui éveille nos sens et nous donne le vertige. Les autres ne sont là que pour faire durer le plaisir. Marlboreusement, elle est parfois dangereuse telle une gitane !
Maîtresse dangereuse mais attirante : c’est probablement en partie ce goût du risque qui induit que nous autres fumeurs n’arrivons pas à nous passer de cette meilleure amie. Une pléthore de psychanalystes avance même l’idée que si elle n’était pas si nocive, la cigarette serait bien moins consommée. La cigarette est la meilleure amie de l’homme, car elle est justement à l’image du rapport que l’homme entretient avec l’amitié. Ephémère, amer. On lui fait les yeux doux tant qu’elle nous plaît et qu’elle nous apporte du plaisir. Dès qu’on en a fini, on la jette pour l’ignorer à jamais et s’intéresser à une de ses consœurs. Jules Renard était bien avisé lorsqu’il écrivit: " Il n’y a pas d’amis, il n’y a que des moments d’amitié ".
Un bémol cependant à ces quelques lignes : pourquoi les femmes n’arrivent-elles pas non plus à arrêter la cigarette ? A méditer… à méditer…
A bon fumeur, salut!
posted by Amine at 5:27 AM |
6 Comments:
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Post a Commentcomme l'a dit Oscar Wilde dans le portrait de dorian gray
la cigarette est le plaisir parfait car il ne vous laisse jamais assouvi (je peux me tromper, je me rappelle pas vraiment de la citation)
elle est interessante ta description de la cigarette : elle ressemble a la femme (elle est Fatale !!!!!)
@ vous
Ayoub
http://www.kingstoune.com
ça me rassure. Dc si j'arrive pas à arrêter la cigarette c à cause, entre autres, de son pouvoir érotique. Jamais rien su refuser au femmes d'ailleurs et toujours su que je mourrai à cause de l'une d'elles.
Je viens de passer deux heures sur ton blog. Aimé nombre de choses...
Comme dirait l'autre : I'll be back.